Fanion du Bataillon de marche de l'Oubangui-Chari
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Bataillon de Marche

Savez-vous combien de centrafricains ont reçu la décoration de la Croix de la Libération pendant la Seconde Guerre Mondiale?

Allez, on vous révèle la réponse : 3 centrafricains l’ont reçu pour célébrer leur bravoure, sur un total de 10 africains et de 1 038 combattants !

Bataillon de Marche de l’Oubangui-Chari

Revenons dans le contexte de l’époque. Durant la Seconde Guerre Mondiale, des dizaines de milliers d’africains provenant de l’AOF (Afrique Occidentale Française) et l’AEF (Afrique Équatoriale Française) ont combattu. En effet, ces personnes ont été engagées auprès des Forces Françaises Libres, suite à l’appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940 contre les Forces Allemandes.

Le Bataillon de Marche n°2 : une unité remarquable

Plusieurs unités militaires africaines ont existé, dont les Bataillons de Marche. Par exemple, le Bataillon de marche n°2 (BM2) a été formé en novembre 1940 en Centrafrique, sous la responsabilité du Commandant de Roux. On nomme également le BM2 par Bataillon de Marche de l’Oubangui-Chari.

Voici ci-dessous l’insigne du BM2, présent au Musée de l’Armée à Paris :

Le BM2 était composé au départ de 115 sous-officiers et 800 hommes de troupe africains, provenant majoritairement de l’Oubangui-Chari. 

Les soldats du BM2 utilisaient principalement la langue sängö. En effet, ce Bataillon était composé en majorité de centrafricains et la plupart des officiers français connaissaient cette langue. Le Bataillon n°2 a effectué des campagnes dans plusieurs pays (Egypte, Lybie, Madagascar, France…). Les combattants se sont particulièrement illustrés lors de la bataille stratégique de Bir-Hakeim. Celle-ci s’est déroulée du 26 mai au 11 juin 1942 dans le désert lybien. Effectivement, le Bataillon de Marche de l’Oubangui-Chari s’est montré courageux et puissant pour gagner le combat. D’ailleurs pour le contexte, ils faisaient face aux très fortes attaques allemandes conduites par le Général Rommel en personne. Cependant, la bataille s’est avérée éprouvante et la troupe y a perdu 40% de ses effectifs. Tout cela a distingué l’unité militaire et lui a valu d’obtenir le titre de Compagnon de la Libération en 1942.

Plus tard, en 1945, la troupe a également démontré ses talents sur le front de l’Atlantique (entre Bordeaux et La Rochelle). En participant aux offensives au côté des Alliés, le bataillon a permis la libération de plusieurs positions ennemies et la capture de prisonniers allemands.

Durant cette période 1939-1945, les soldats centrafricains ont contribué à la victoire des Alliés. Ils ont fait preuve de courage et de bravoure au péril de leur vie.

Pour l’anecdote, en hommage à ce combat stratégique pour la France, Bir-Hakeim est le nom d’une station de métro parisienne située à côté de la Tour Eiffel :

Croix de la Libération : 3 centrafricains distingués

Voici donc les 3 combattants centrafricains décorés de la croix de la Libération :

Dominique Kosseyo (1919, Kanago – 1994, Bria)

© Ordre de la Libération

Le soldat centrafricain a reçu l’insigne de l’Ordre de la libération le 14 juillet 1941. Il a fait partie du Bataillon de marche n°1 (BM1). Kosseyo a ainsi participé à la campagne victorieuse au Gabon (contre le régime de Vichy) où il a été blessé par balle en 1940. Plus tard, en 1942, il a réussi à neutraliser un sergent allemand. Après sa carrière militaire, il est retourné dans la ville de Bria en Centrafrique où il est devenu cultivateur.

Paul Koudoussaragne (1920, Bimbo – 1973, Bimbo) 

Le soldat centrafricain a reçu l’insigne de l’Ordre de la libération le 29 août 1942. Il a fait partie du Bataillon de Marche de l’Oubangui Chari (BM2). Koudoussaragne s’est notamment distingué par sa bravoure lors d’une mission à Bir-Hakeim où il est parti chercher des munitions sous le feu de l’ennemi. Malgré ses blessures, il a pu ramener les munitions à ses camarades, ce qui a permis à la troupe de sauvegarder sa position. Il combattait à La Rochelle (à l’ouest de la France) le 8 Mai 1945, jour de l’armistice de la guerre. Après sa carrière militaire, il est retourné dans la ville de Bimbo en Centrafrique où il est devenu cultivateur.

https://www.ordredelaliberation.fr/fr/compagnons/paul-koudoussaragne

Georges Koudoukou (1894, Kaga-Bandoro – 1942, Alexandrie)

© Ordre de la Libération

Le soldat centrafricain a reçu l’insigne de l’Ordre de la libération à titre posthume le 9 septembre 1942. Il a fait partie du Bataillon de Marche de l’Oubangui Chari (BM2), pour lequel il a participé à la création. Parmi les troupes des Alliés, les soldats surnommaient Koudoukou « le père des tirailleurs » pour plusieurs raisons. Son âge, son expérience, son autorité naturelle, ses compétences et de son talent de tireur d’élite ont fait de lui une « véritable légende » du bataillon. Il a été grièvement blessé lors de la bataille de Bir-Hakeim, ce qui a conduit à son décès quelques jours plus tard. On l’a nommé sous-lieutenant en 1941, ce qui fait de lui le premier officier centrafricain.

Hommages et commémorations

L’après-guerre

Outre Kosseyo, Koudoussaragne et Koudoukou présentés dans cet article, de nombreux soldats centrafricains se sont engagés et ont combattu lors la Seconde Guerre Mondiale.

Malgré leur rôle actif dans la Libération, ces tirailleurs à l’image de leurs homologues d’Afrique de l’Ouest ou du Maghreb, n’ont pas eu la même reconnaissance que les soldats originaires de la “métropole”.

Arrivés dans ce conflit après un enrôlement parfois sous-contrainte, ils n’ont par exemple pas été conviés aux célébrations de la Libération. En outre malgré de nombreuses démarches, beaucoup n’ont pas pu toucher de pensions de versement équivalent à leurs homologues de la métropole.

Pour ne pas oublier leurs histoires et leur importance dans l’Histoire, il est important de célébrer leur courage, leur héroïsme et leurs sacrifices. Les commémorations sont des traces du passé, elles permettent de faire une pause annuelle pour se remémorer des actions passées. Rappelons que cette année 2025 a marqué le 80e anniversaire de l’Armistice de la Seconde Guerre Mondiale (8 mai 1945).

Soldats du Bataillon de marche n°2 à Qastina (Palestine), en avril 1941.

© Ordre de la Libération

Hommages

À l’heure actuelle, plusieurs supports permettent de commémorer l’histoire du BM1, du BM2 et des soldats ayant reçus la distinction de la « Croix de la Libération ».

Par exemple, au Musée de l’Armée à Paris, on retrouve les noms de Kosseyo, Koudoussaragne et Koudoukou sur la plaque « Ordre de la Libération ».

Cette plaque répertorie les noms des 1038 combattants ayant reçus la distinction de la Croix de la Libération :

On retrouve les noms des 3 centrafricains à la lettre K :

On retrouve également leurs photos dans les portraits de cette liste :

En Centrafrique, Georges Koudoukou possède une avenue et une école primaire à son nom à Bangui, ainsi qu’une stèle et une statue le représentant.

En France, Dominique Kosseyo a été mis à l’honneur en étant le visage d’une campagne du Musée de l’Histoire de l’Immigration de Paris :

Précisions sur les décorations

Voici le détail de l’ensemble des décorations reçues par Kosseyo, Koudoussaragne et Koudoukou :

Ordre : ordre de la libération

Insigne : croix de la libération

Titre : compagnon de la libération

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